La pollution atmosphérique cause 40 000 décès par an en France. Ce guide présente les différentes sources de pollution dans l'air intérieur et extérieur, ainsi que les actions concrètes pour les réduire en 2025. Des recommandations sanitaires aux dispositifs réglementaires, découvrez les moyens d'agir au quotidien.
La pollution de l'air intérieur dans les logements
La pollution de l'air intérieur représente un enjeu sanitaire majeur en France, avec des conséquences graves sur la santé des occupants. Nous passons en moyenne 14 heures par jour dans nos logements, où l'air peut être jusqu'à 8 fois plus pollué qu'à l'extérieur selon les données de l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur.
Les principales sources de pollution intérieure
Le radon, gaz radioactif d'origine naturelle, cause entre 1200 et 2900 décès par cancer du poumon chaque année en France. Le monoxyde de carbone provenant des appareils de chauffage défectueux touche environ 5000 personnes annuellement, dont une centaine de décès. Les moisissures, les composés organiques volatils émis par les meubles et revêtements, ainsi que les particules fines issues du chauffage au bois constituent d'autres polluants préoccupants.
Les bonnes pratiques d'aération
Une ventilation régulière est indispensable : aérer 10 minutes matin et soir, même en hiver. La VMC doit être entretenue tous les 3 ans par un professionnel. Pour les logements équipés d'un chauffage au bois, qui émet 62% des particules fines PM2.5 en France, un entretien annuel du conduit de fumée est obligatoire.
Réduire les sources de pollution
- Éviter l'usage de solvants, peintures et produits chimiques
- Privilégier les produits d'entretien naturels
- Vérifier l'étiquetage des matériaux depuis 2010 (A+ à C)
- Faire réviser annuellement les appareils de chauffage
- Installer un détecteur de monoxyde de carbone
Populations sensibles et recommandations spécifiques
Les femmes enceintes, enfants de moins de 3 ans et personnes de plus de 65 ans présentent une vulnérabilité accrue aux polluants intérieurs. Pour ces populations, il est recommandé de renforcer l'aération lors d'activités polluantes (ménage, bricolage), d'éviter les parfums d'ambiance et de maintenir un taux d'humidité entre 40 et 60%.
Les mesures lors des pics de pollution atmosphérique
En France, la surveillance de la qualité de l'air permet d'identifier les episodes de pollution atmosphérique qui touchent environ 40 000 personnes chaque année. La réglementation définit précisément les seuils d'alerte et les mesures à mettre en œuvre pour protéger la population.
Les quatre polluants réglementés
La réglementation française encadre quatre polluants principaux :
- Les particules PM10 (diamètre inférieur à 10 micromètres)
- L'ozone (O3) formé par réaction photochimique
- Le dioxyde d'azote (NO2) émis principalement par le trafic routier
- Le dioxyde de soufre (SO2) issu des activités industrielles
Les deux niveaux d'alerte et leurs seuils
Le dispositif prévoit deux niveaux gradués :
Niveau | Seuil PM10 (μg/m³) | Seuil NO2 (μg/m³) | Seuil O3 (μg/m³) |
Information-recommandation | 50 | 200 | 180 |
Alerte | 80 | 400 | 240 |
Recommandations sanitaires lors des pics
Les préfectures émettent des recommandations sanitaires graduées selon le niveau :
- Limiter les activités physiques intenses en extérieur
- Privilégier les transports en commun et le covoiturage
- Respecter les limitations de vitesse temporaires
- Reporter les activités émettrices de polluants
Dispositifs préfectoraux
Les préfets peuvent déclencher des mesures contraignantes : circulation différenciée, réduction des emissions industrielles, interdiction des brûlages à l'air libre. Un budget de 36 millions d'euros finance ces dispositifs en 2025. Les feuilles de route régionales définissent les actions territoriales pour réduire durablement les emissions polluants.
La réduction des émissions industrielles et agricoles
La réduction des émissions industrielles et agricoles constitue un volet majeur du Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA). Les objectifs fixés pour 2020-2025-2030 visent une diminution progressive des principaux polluants atmosphériques, avec des mesures réglementaires adaptées aux différents secteurs d'activité.
Le PREPA 2022-2025 : objectifs et mesures sectorielles
Le nouvel arrêté publié en 2022 par le ministère de la Transition écologique définit les actions prioritaires à mettre en œuvre jusqu'en 2025. Pour le secteur industriel, les valeurs limites d'émission sont progressivement abaissées, avec un renforcement des contrôles par l'État. Les installations classées doivent désormais respecter des seuils plus stricts pour les oxydes d'azote (NOx), le dioxyde de soufre (SO2) et les particules fines.
Surveillance des pesticides dans l'air
Un programme national de surveillance des pesticides dans l'air ambiant a été mis en place en 2021. Il prévoit l'harmonisation des méthodes de mesure sur l'ensemble du territoire et la fixation de valeurs maximales de concentration. D'après France Nature Environnement, plus de 40 substances actives différentes sont régulièrement détectées, dont certaines interdites depuis plusieurs années comme le lindane.
Mesures agricoles
- Réduction de 13% des émissions d'ammoniac d'ici 2030
- Développement des techniques d'épandage moins émettrices
- Couverture obligatoire des fosses à lisier
- Limitation des périodes d'épandage
Zones de contrôle des émissions (ECA)
La création de zones ECA dans les ports français permet de réguler les émissions du transport maritime. Ces zones imposent l'utilisation de carburants moins soufrés et limitent les émissions d'oxydes d'azote. Le port de Marseille-Fos a ainsi réduit de 75% ses émissions de SO2 depuis la mise en place de ces mesures en 2022.
Dépassements des normes
Selon les données de Greenpeace France, 63% des sites industriels dépassaient encore les valeurs limites d'émission en 2023. Les secteurs de la métallurgie et de la chimie restent les plus concernés, notamment pour les émissions de particules fines PM2.5 et de composés organiques volatils.
Les solutions écologiques au niveau local
Les collectivités territoriales françaises déploient des actions locales pour réduire les pollutions atmosphériques. Ces mesures, adaptées aux contraintes de chaque territoire, permettent d'obtenir des résultats tangibles dans l'amélioration de la qualité de l'air.
Les Plans de protection de l'atmosphère (PPA)
Les PPA définissent les objectifs et mesures pour ramener les concentrations en polluants sous les seuils réglementaires dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants. En 2024, la France compte 38 PPA actifs, notamment à Paris, Lyon et Marseille. Ces plans comportent des arrêtés préfectoraux contraignants et des mesures volontaires portées par les acteurs locaux.
Les zones à faibles émissions (ZFE)
Les métropoles de Paris, Lyon et Marseille ont instauré des ZFE restreignant la circulation des véhicules les plus polluants. À Paris, les véhicules Crit'Air 4, 5 et non classés sont interdits depuis 2023. Lyon prévoit d'étendre sa ZFE aux particuliers en 2026. Ces restrictions ont permis de réduire de 20% les émissions d'oxydes d'azote entre 2019 et 2023.
La végétalisation urbaine
Les villes développent des programmes de végétalisation : création d'îlots de fraîcheur, plantation d'arbres, toitures et façades végétalisées. Paris a planté 50 000 arbres depuis 2020. Lyon a végétalisé 30 hectares d'espaces publics en 2023. Ces actions réduisent les températures locales de 2 à 3°C en été.
Les réglementations locales du chauffage
Certains territoires adoptent des mesures strictes concernant le chauffage au bois. Dans la vallée de l'Arve, les cheminées à foyer ouvert sont interdites depuis 2022. Les aides à la rénovation énergétique ont permis le remplacement de 12 000 appareils de chauffage au bois non performants entre 2020 et 2024.
Le rôle des associations agréées
Les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA) mesurent quotidiennement les polluants. Leurs données montrent une baisse de 50% des concentrations moyennes en dioxyde d'azote et de 40% en particules fines PM10 dans les grandes villes françaises entre 2000 et 2024.
L'essentiel à retenir sur la lutte contre les pollutions au quotidien
Les politiques de lutte contre la pollution se renforcent avec le Plan national de réduction des émissions qui fixe des objectifs ambitieux pour 2025-2030. Les collectivités développent les zones à faibles émissions et la végétalisation urbaine. Ces mesures, associées aux gestes individuels comme l'aération quotidienne, contribuent à améliorer la qualité de l'air.