Les émissions de gaz à effet de serre en France ont baissé de 20% entre 1990 et 2019. En 2023, elles s'élèvent à 403 Mt CO2 équivalent, soit 5,9 tonnes par habitant. Cette réduction des émissions est indispensable pour atteindre les objectifs fixés de neutralité carbone d'ici 2050.
Les principaux gaz à effet de serre et leurs sources d'émission
Les gaz à effet de serre (GES) constituent un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. En France, leur composition et leurs sources d'émission sont étroitement surveillées pour mesurer les progrès réalisés dans la réduction des émissions.
Répartition des principaux GES en France
Dans l'Union européenne en 2017, le dioxyde de carbone (CO2) représentait 81% des émissions de GES, suivi du méthane (CH4) à 11%, du protoxyde d'azote (N2O) à 5% et des gaz fluorés à 2%. Cette répartition reflète la prédominance des émissions liées à la combustion d'énergies fossiles.
Gaz à effet de serre | PRG (eq. CO2) | Part des émissions | Sources principales |
CO2 | 1 | 81% | Combustion énergies fossiles, ciment |
CH4 | 25 | 11% | Agriculture, déchets |
N2O | 298 | 5% | Agriculture, industrie chimique |
Gaz fluorés | 6500-22800 | 2% | Industries, climatisation |
Sources sectorielles des émissions
La combustion d'énergies fossiles génère la majorité du CO2, notamment dans les secteurs des transports (31%), de l'industrie manufacturière (18%) et du résidentiel-tertiaire (20%). L'agriculture émet principalement du méthane via l'élevage et du protoxyde d'azote par l'utilisation d'engrais azotés, représentant 19% des émissions totales. Les gaz fluorés proviennent des procédés industriels et de la climatisation.
Potentiel de réchauffement global
Le potentiel de réchauffement global (PRG) permet de comparer l'effet des différents GES sur 100 ans. Si le CO2 sert de référence avec un PRG de 1, le méthane a un PRG de 25, le protoxyde d'azote de 298, et les gaz fluorés peuvent atteindre 22 800 pour l'hexafluorure de soufre (SF6). Cette métrique souligne l'importance de réduire également les émissions des gaz autres que le CO2, malgré leurs volumes plus faibles.
Evolution des émissions françaises depuis 1990
La France poursuit sa trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) depuis 1990. Les données les plus récentes montrent une accélération de cette tendance, avec des résultats encourageants en 2023 malgré un contexte économique complexe.
Évolution historique des émissions françaises
Entre 1990 et 2019, la France a diminué ses émissions de GES de 20%. Cette réduction s'est principalement manifestée dans les secteurs de l'industrie manufacturière et de l'énergie, grâce à la modernisation des installations et au développement des énergies décarbonées. La période 2020-2022 a connu des variations liées à la crise sanitaire, avec une baisse exceptionnelle en 2020 suivie d'un rebond en 2021 (+6,4%).
Bilan détaillé 2023
En 2023, les émissions territoriales françaises s'établissent à 403 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 eq), soit 5,9 tonnes par habitant. Ce résultat marque une réduction de 5,6% par rapport à 2022, principalement due à:
- La diminution de la production d'électricité carbonée (-12,6% d'émissions exportées)
- Une baisse modérée des émissions destinées à la demande intérieure (-1,4%)
Empreinte carbone française
L'empreinte carbone totale de la France atteint 644 Mt CO2 eq en 2023, représentant 9,4 tonnes par habitant. La différence entre les émissions territoriales et l'empreinte carbone s'explique par le solde des émissions importées et exportées. En 2023, l'empreinte carbone diminue de 4,1%, notamment grâce au recul des émissions importées.
Année | Émissions territoriales (Mt CO2 eq) | Empreinte carbone (Mt CO2 eq) |
2022 | 408 | 671 |
2023 | 403 | 644 |
Pour atteindre l'objectif de 270 Mt CO2 eq en 2030, la France devra doubler son rythme de réduction des émissions sur la période 2023-2030 par rapport à la période 2017-2022.
Répartition sectorielle des émissions en France
En 2023, l'analyse de la répartition des émissions de gaz à effet serre en France met en évidence les contributions respectives des différents secteurs économiques. Cette décomposition sectorielle permet de comprendre les sources principales d'émissions et d'orienter les actions de réduction.
Distribution par secteur d'activité
Le transport constitue le premier secteur émetteur avec 35% des émissions nationales, soit 141 Mt CO2 eq en 2023. Le transport routier représente à lui seul 94% de ces émissions, dominé par les véhicules particuliers (54%) et les poids lourds (26%). Le transport aérien intérieur compte pour 4% des émissions du secteur.
L'agriculture et la foresterie arrivent en deuxième position avec 24% des émissions (97 Mt CO2 eq). Les émissions agricoles proviennent principalement de l'élevage (48%), des cultures (32%) et de l'utilisation d'engrais azotés (20%). La déforestation et les changements d'usage des sols contribuent également aux émissions de ce secteur.
Émissions industrielles et résidentielles
L'industrie manufacturière et la construction génèrent 21% des émissions nationales (85 Mt CO2 eq). La production de matériaux comme l'acier, le ciment et les produits chimiques concentre 65% des émissions industrielles. Le secteur résidentiel-tertiaire représente 6% des émissions (24 Mt CO2 eq), principalement liées au chauffage des bâtiments.
Focus sur le numérique
Le secteur numérique mérite une attention particulière : il représentait 3,7% des émissions mondiales en 2018, soit environ 15 Mt CO2 eq pour la France. Les centres de données (41%), les équipements des utilisateurs (39%) et les réseaux (20%) constituent les trois sources principales d'émissions numériques. Les projections indiquent une hausse continue de cette part, avec un doublement possible d'ici 2025 si aucune mesure n'est prise.
Secteur | Part des émissions | Volume (Mt CO2 eq) |
Transport | 35% | 141 |
Agriculture/Foresterie | 24% | 97 |
Industrie | 21% | 85 |
Résidentiel-tertiaire | 6% | 24 |
Autres secteurs | 14% | 56 |
Mécanismes de comptabilisation et objectifs de réduction
La comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre suit une méthodologie standardisée établie par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). La France, qui a émis 408 millions de tonnes équivalent CO2 en 2022, s'inscrit dans les objectifs européens tout en définissant sa propre trajectoire vers la neutralité carbone.
Méthodologie de comptabilisation CCNUCC
Le calcul des émissions totales repose sur l'inventaire national des émissions directes de six gaz principaux : CO2, CH4, N2O, HFC, PFC et SF6. Les émissions sont converties en équivalent CO2 selon leur potentiel de réchauffement global à 100 ans, conformément au protocole kyoto. En 2023, la France a enregistré 403 millions de tonnes équivalent CO2, soit 5,9 tonnes par habitant.
Objectifs de réduction
L'union europeenne vise une réduction de 55% de ses émissions d'ici 2030 par rapport à 1990. La France a défini des budgets carbone quinquennaux pour atteindre la neutralité carbone en 2050 :
- 2024-2028 : 363 Mt CO2eq en moyenne annuelle
- 2029-2033 : 300 Mt CO2eq en moyenne annuelle
- 2034-2038 : 258 Mt CO2eq en moyenne annuelle
Comparaison internationale
Selon le Global carbon project, les emissions mondiales ont atteint un nouveau record en 2022 avec 41,3 Gt CO2 eq, soit une hausse de 1% par rapport à 2021. Voici la répartition par pays :
Pays | Émissions 2022 (Gt CO2 eq) | Part mondiale |
Chine | 11,5 | 27,8% |
États-Unis | 5,0 | 12,1% |
Union européenne | 2,8 | 6,8% |
Inde | 2,7 | 6,5% |
Mécanismes de suivi
La France transmet annuellement son inventaire national à la CCNUCC et à l'Union européenne. Un système de vérification indépendant valide les données selon les lignes directrices du GIEC. Les émissions sont ventilées par secteur d'activité et par gaz, permettant d'identifier les leviers d'action prioritaires pour respecter les engagements pris.
L'essentiel à retenir sur les émissions de gaz à effet de serre en France
La France progresse dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre mais doit accélérer pour atteindre ses objectifs ambitieux. La transition vers des modes de transport plus propres, la décarbonation de l'industrie et la transformation des pratiques agricoles seront déterminantes dans les années à venir. Les nouveaux budgets carbone français guideront cette transformation.